On entre dans le nouvel EP de Mathilda comme on s'aventurerait dans un jardin hanté en pleine Andalousie. Mathilda est la propriétaire des lieux : spectrale et sensuelle, sa voix vous hypnotise instantanément. Auprès de son timbre grave, noble et effrité comme une falaise, se révèle tout un monde grouillant. C'est un univers aussi visuel que l'était son premier EP, cependant plus organique désormais. Un monde audacieux, fait de cordes, de choeurs, de pianos et de percussions. Un univers où l'inquiétude domine, souveraine comme le visage de celle qui la chante. 

Martin Luminet est un garçon manqué. Il ne s'en cache pas. Certains y voient la relève d'une chanson française bien sage mais Martin a pris l'habitude de faire tout le contraire de ce que l'on attend de lui. Une chanson moderne violemment sensible qui défait l'amour et qui rappelle que douceur et douleur ne se tiennent qu'à une lettre près. Il fait partie de cette génération qui dit "Je" pour secrètement dire "nous", qui s'abîme en boite d'ennui mais qui aime de toutes ses forces, qui grandit trop tôt et mûrit trop tard, qui prend de plein fouet le monde qui avance mais qui lutte sournoisement à l'améliorer. Cette génération qui fabrique de la beauté avec quelques souffrances. 

Tiste Cool exprime dans ses chansons ses tripes et ses paradoxes. Coincé quelque part entre les flamands roses de la Camargue et les fêlures sophistiquées de la capitale il nous fait plonger dans une poésie en prose chantée/parlée dopée par les nuits pigalliennes. Cet univers musical se conjugue avec toute une iconographie faite à partir de ses photographies argentiques.